28 septembre 2006

Etrangers même chez nous!

* "Desolé, c'est complet!"
* "Tu n'as pas le droit de rester ici"
* "Non c'est une soirée VIP"
* "Ce n'est pas gratuit, il faut payer"
* "Circulez, il n'y a rien à voir"
* "Non c'est pour les touristes"...

Ces sont les formules de "politesse" ou plutôt un échantillon, pour n'en citer que ça, qu'on entend souvent à l'entrée de nos hôtels, sur nos plages, à l'entrée de nos boîtes de nuit...au point que dans nos têtes c'est la confusion totale car on ne sait plus si on est bien chez nous en Tunisie ou on est à l'étranger.

Vous avez sûrement remarqué que j'ai employé le mot "politesse" mais, c'était par pure ironie, une ironie amère et cruelle. On sent le ciel nous tomber sur la tête et on se croit vivre un cauchemar en entendant des telles répliques.

Un exemple très fréquent c'est l'interdiction d'entrer dans des hôtels à certains de nos compatriotes pour profiter du piscine (tout en payant le service bien sûr). Une interdiction justifiée peut être digérée mais, malheureusement, ce n'est pas le cas assez souvent. Un jour on nous laisse entrer et le lendemain non. Une des raisons évoquées: la piscine c'est seulement pour les résidents de l'hôtel alors que le monsieur a oublié que tu es déjà entré la veille. Une autre raison:"c'est interdit!"..."mais pourquoi?"..."c'est comme ça, c'est interdit, circules!"...

La majorité des hôtels pour ne pas dire tous les hôtels mettent des barrières pour empêcher l'accès des baigneurs à leurs plages "privées" ignorant ainsi la loi "littoral". En fait, cette loi oblige l'hôtelier à installer ses parasoles et ses chaises au moins 4 mètres loin de l'eau. Et selon cette loi, toute personne a le droit de passage sur cette plage privée mais aussi la possibilité de s'allonger dans l'espace libre (à savoir les 4 mètres séparant les parasoles et l'eau). Or, très rares, ou voire même inexistants, les hôteliers qui s'appliquent à respecter cette loi.

Pour éradiquer ce genre de comportement et cette "descrimination", il faut qu'il y ait avant tout une forte volonté politique et puis une stricte application de la loi. Cela dit, tout ça ne pourra aboutir qu'en présence d'un comportement civique du citoyen qui se fait refouler sans raison. Ce comportement civique consiste à dénoncer ces attitudes inadmissibles des hôteliers et plagistes en déposant une pleinte et non pas se taire et se laisser faire. C'est seulement de cette manière qu'on pourra changer les choses.

20 septembre 2006

Un accès à l'éducation payant?...rêve d'un jour, rêves toujours!

Peu de temps après son indépendance, la Tunisie, et à l'opposé des ses voisins maghrébins, a trouvé dans l'éducation et la santé sa première priorité. A l'époque, le pays sortait d'une période de colonisation qui a épuisé beaucoup de ses ressources et qui a été destructive mais aussi meurtrière. La population vivait une pauvreté aïgue et généralisée à laquelle s'ajoutait un taux d'analphabétisme élevé.

Cette situation économique et sociale ne permettait pas de vivre dignement selon les droits légitimes et vitaux de la personne humaine et les condamnant aux dures difficultés de la survie au jour le jour.

Au moment où les pays voisins ont parié sur des investissements d'ordre économique plutôt que social, les autorités tunisiennes de l'époque et à leur tête le Président Habib Bourguiba ont vu dans l'éducation et la santé une porte de sortie. Ils ont crû à l'importance de la recherche et l'éducation comme un "investissement" prioritaire (en capital humain) pour s'en sortir.

Dans ce sens, une des importantes décisions prises à l'époque c'est la gratuité de l'éducation et de la santé pour tout le monde. Mais intéressons-nous aujourd'hui au système éducatif seulement et laissons la santé pour un prochain post.

Grâce à la gratuité de l'éducation, des centaines des milliers d'enfants ont pû intégrer l'école. Cette gratuité continue a faire du bien au pays puisqu'elle a permi de réduire considérablement le taux d'analphabétisme mais, a aussi permi des changements sociaux, économiques et culturels très bénéfiques (faible taux démographique, amélioration du niveau de vie, participation de la femme à la vie active...)

La 1ère question qui se pose maintenant: Est-ce qu'on doit toujours soutenir cette gratuité de l'éducation ou doit-on la rendre payante?

Pour répondre, nous devrons se pencher sur la situation actuelle de notre pays. Tous, nous savons que la classe majoritaire en Tunisie c'est la classe moyenne même si la pauvreté commence à prendre de l'ampleur dans certaines régions (et ce n'est pas nouveau). Une classe moyenne qui vit de plus en plus dans les dettes. Une situation due à la hausse continue des prix devant la stagnation des salaires. Un endettement des ménages qui a détérioré leurs conditions de vie engendrant des problèmes sociaux très graves.

Ainsi, imaginez si en plus de ces dettes nous obligerons les familles à payer la scolarité de leurs enfants alors qu'elles en seront les conséquences?. La réponse est évidente: les familles n'enverront plus leurs enfants à l'école.

Prenons un exemple simple, une famille composée seulement de 3 enfants et un papa (contre-maître, par exemple) avec un salaire de 350 dinars et pour ne pas prendre un cas extrême supposant que la maman travaille avec un salaire similaire (en tout, le revenu du foyer s'élèvera à 700 dinars). Comment cette famille se débrouillera-t-elle pour vivre?

180 dinars loyer, 20 dinars électricité, 15 dinars eau potable, 300 dinars pour la nourriture (si on suppose que chaque personne ne consomme en moyenne que l'équivalent des 2 dinars par jours entre petit déjeuner, déjeuner, collation et diner), 100 dinars pour l'achat des vêtements (en supposant que chaque individu a un budget mensuel moyen de 20 dianrs pour ses vêtements: pantalons, chaussures, chaussettes, sous vêtements...), 15 dinars pour la coiffure (si on suppose que chaque membre de la famille n'aille chez le coiffeur qu'une fois par mois en déboursant seulement 3 dinars)....

Qu'est ce qui reste du budget de la famille? et ben, pas grand chose seulement une centaine des dinars pour faire face à des dépenses imprévues telles que problèmes de santé ou déplacements occasionels ou frais de rentrée scolaire. Comme vous voyez, dans ce calcul je n'ai pas tenu en compte les frais de déplacement des différents membres de la famille que ce soit pour aller au boulot ou à l'école. De même je n'ai pas précisé si les enfants sont à l'école primaire ou université (car si c'est à l'université, alors là c'est la catastrophe puisqu'il faut prendre en compte dans ce calcul les frais de logement, de déplacement...). Maintenant, dites-moi comment faire pour payer la scolarité des enfants?!: mendier? voler? s'endetter encore?...

Dans cet exemple simpliste, vous avez aussi sûrement pû constater qu'une famille de la classe moyenne ne peut pas se permettre d'avoir des loisirs sinon c'est l'endettement assuré et bonjour les dégâts.

Maintenant, il est évident que les ménages qui pourront se payer le luxe de scolariser leurs enfants dans un système éducatif payant sont les ménages relativement aisés. Un tel cas de figure, ne fera qu'aggraver la cassure sociale et éclaboussera le principe de l'équité entre tous les citoyens et le droit de l'accès à l'éducation pour tout le monde qu'ils soient riches ou pauvres.

En rendant le système éducatif payant, on aura beaucoup plus des médécins, des ingénieurs, des avocats, des cadres,... issus des familles aisées mais de moins en moins issus des familles de la classe moyenne (sans parler des classes les plus demunies).

Est-ce que c'est cette Tunisie que veulent les personnes qui prônent une éducation payante? est-ce que c'est une cassure sociale encore plus flagrante que veulent ces personnes qui ont profité de ce système éducatif gratuit pour être là où elles sont aujourd'hui?...

Non! desolé, je suis un citoyen de ce cher pays, je suis issu de la classe moyenne et c'est cette gratuité qui m'a permise d'accéder à l'éducation et espérer une vie meilleure pour moi et pour les générations futures bien sûr. Donc je ne vais pas cracher dans la soupe comme certains le font et renier mes origines et surtout la dureté de ce que j'ai vécu. Je ne veux pas que des gens vivent la misère et comme si ça ne suffit pas, on les obligerait à payer pour accéder à l'éducation autrement dit, les condamner à "s'éteindre doucement".

Pour finir, je tiens à aborder une 2ème question que je trouve plus pertinente que la première. Cette question est la suivante: Est-ce que le système éducatif actuel est le bon? ou est-ce qu'il y a mieux à faire à ce niveau? si tel est le cas alors quelles améliorations doit-on apporter?. Ma réponse vous l'avez sûrement deviné mais je ne vais pas en parler maintenant car ça sera le sujet d'un autre post prochainement.

A toute personne préconisant une éducation payante, je dirai: "rêve d'un jour, rêves toujours!"...

15 septembre 2006

Tunisiens ou....frères "ennemis"?!

Je ne me souviens pas d'un jour avoir pû discuter de la relation entre tunisiens ayant vécu en Tunisie et tunisiens issus de l'immigration sans qu'il y ait des tensions voire même des insultes. C'est une relation assez souvent conflictuelle. Je n'ai jamais douté de l'existence d'une telle relation ou plûtot je n'ai jamais pensé à ça avant de mettre les pieds en Europe.

Au début, et partant du principe de solidarité, je me disais qu'un tunisien rencontré ici en Europe est sûrement un allié. Mais avec le temps, j'ai découvert une toute autre vérité, une vérité qui fait très mal. J'ai découvert un vrai malaise qui relègue la solidarité entre tunisiens à un rang inférieur.

D'un côté les tunisiens issus de l'immigration qui voient les tunisiens ayant vécu en Tunisie comme des arriérés qui n'ont pas pû rattraper la civilisation et qui sont dépassés niveau mode (mode de vie, mode vestimentaire...). Ils ne se retiennent pas lorsqu'il s'agit de dénigrer les "bledards" (expression assez souvent employée pour désignés les gens du bled).

De l'autre côté, les tunisiens du "bled" qui voient les personnes issues de l'immigration comme des "parasites" de la société, des voyous et j'en passe. Cette image est surtout véhiculée par les médias à l'occident.

A force de voir dans les journaux télévisés le nombre soi-disant "impressionnant" des affaires de délinquance impliquant des immigrés du maghreb, un simple téléspectateur en Tunisie se fonde sur cette manne d'informations déformées pour se forger son intime conviction. Or, inconscient de cette désinformation, ce simple téléspectateur en ressortira convaincu que la majorité des immigrés sont des voleurs, des vendeurs de drogue... chose qui accentue son mépris envers eux.

A tout ça s'ajoute une différence flagrante dans la culture. Une personne issue de l'immigration se sent perdue entre une culture européenne ouverte et une culture conservatrice de son pays d'origine. Ainsi, la journée, en dehors de chez elle, cette personne vit à l'européenne (dans les écoles, les bars, les rues,...) et le soir à la maison en présence des parents c'est la culture du pays d'origine qui prime (pas de vulgarité, pas de nudité,...).

Nous savons tous que la société occidentale actuelle n'apparaît pas comme un milieu où il est possible d'inculquer aux enfants les valeurs de leur culture d'origine....cette difficulté fait qu'il y ait un clash lorsque deux personnes de cultures et valeurs différentes doivent cohabiter.

Dans ce sens, une personne issue de l'immigration se sentira rejetée en rentrant au "bled" et elle n'échappera pas au regard méprisant de la population locale. Les choses se compliquent encore plus lorsque certains de nos compatriotes immigrés n'hésiteront pas à se faire remarquer pendant leurs vacances en Tunisie (frimer) et à vouloir s'imposer. Et pour ce faire, tous les moyens sont bons y compris la force parfois. Ce comportement ne fait qu'aggraver cette cassure. Pareil, un tunisien du bled n'échappera pas aux moqueries de ses compatriotes issus de l'immigration.

De ce fait, il paraît "logique" que ces deux franges des tunisiens ne s'entendent pas et que chacune d'elles essaie de s'imposer et de s'affirmer en dénigrant l'autre.

« Une culture refuse l’autre pour affirmer sa cohérence. Lorsqu’elle se sent menacée dans son existence, elle pourra chercher à reconstruire son identité sur le diagramme seul de la négation de l’autre »**

Pour ne pas clôturer ce sujet sur une note terne, je dirai heureusement que ces tensions ne sont pas irrémédiables et qu'il y a toujours une majorité des personnes de toutes les issues qui sont au dessus de tous ces comportements et querelles indignes des tunisiens.

** P.-P. Gossiaux, "L’Homme en société"

13 septembre 2006

Une "élite" tunisienne décevante

Il n'est pas si difficile de se faufiler dans les travées de la blogosphère tunisienne sans remarquer les bloggueurs arborant le costume d'une soi-disant "élite de la société" alors qui'ls sont loin de l'être.

Faire partie de l'élite d'une patrie ou d'une nation, c'est pouvoir avoir un regard critique mais aussi une envie de redresser la barre. Mais, malheureusement, une "CERTAINE" pseudo élite qui prolifère dans la blogosphère cherche à s'affirmer en se positionnant en donneuse des léçons et banissant toute critique à l'égard de leur idées absurdes parfois. Cette pseudo élite se croit vraiment élite et elle s'entête à s'acharner sur les personnes simples, les personnes qui veulent du bien et qui sont conscientes de la réelle situation de notre pays....mais aussi sur les personnes démunies.

Comment certaines personnes se permettent de dire que la majorité des tunisiens sont des fainéants ou dire qu'il faut appliquer le système anglosaxon? (non gratuité de l'éducation, suppression de la sécurité sociale...). Ces personnes ont oublié que grâce à notre système éducatif gratuit qu'elles sont aujourd'hui là où elles sont, pensent-elles que si l'éducation était payante leurs parents auront pû leurs payer l'école primaire puis le lycée puis l'université? pensent-elles que si il n'y avait pas une sécurité sociale, elles auront pû vivre en bonne santé?...
Nous sommes issus d'un pays où la population est en grande partie de classe moyenne et en appliquant des telles idées ça conduira à un cataclysme social et économique bien sûr.

Parfois, je me demande si ces personnes sont tunisiennes ou pas?ont-elles vécu en Tunisie ou pas? à les voir parler on dirait que la Tunisie est un pays aussi aisé que les Etats-Unis ou le Canada. Ces personnes oublient en quelque sorte leur origine et nient indirectement le besoin que vit des centaines des milliers des tunisiens.

Que cette pseudo élite propose des idées constructives et compatibles avec la situation réelle de notre société et non des idées pré-définies dans des sociétés incomparables à la notre.
Que cette pseudo élite arrête de donner des léçons et de mettre la main dans la patte si elle a un gramme de patriotisme.

"Tounès Yè blèdi"

Je suis content d'être parmi vous dans la blogosphère tunisienne. Je suis tunisien et fier de mes origines.
Ce blog est une fenêtre sur la Tunisie qu'on veut, la Tunisie qu'on escompte et la Tunisie dont on rêve....une fenêtre sur un pays riche par ses traditions, son patrimoine et son histoire mais, aussi un pays riche par ses braves gens.

Pourquoi le titre "Ranim & Hanine"?
Je n'ai pas trouvé mieux pour exprimer mon attachement à ma Tunisie et à mes origines...

- "Ranim" ça renvoie à la mélodie et Dieu sait que la vie est une mélodie avec ses moments de bonheur mais aussi de tristesse.

- "Hanine" ça renvoie à la nostalgie, un sentiment qui nous rappelle notre cher pays la Tunisie, notre enfance, nos origines...

Je ferai mon mieux pour que mes sujets soient objectifs et que je n'enfoncerai personne mais, toutefois, sans langue de bois. Ma seule devise: "Tounès yè blèdi".

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